Le rire et la mort

Il y a ce jour où les nerfs lâchent.

Quand le rire douloureux secoue ce corps plus tout à fait enfant.

J’ai 15 ans.

Crise de rires, crise de nerfs, c’est troublant. Peu agréable.

L’ascension de ces montagnes au-dessus de Briançon avait dû être difficile.

Haletante sous le soleil de ce mois d’aout.

Tout au long de la descente, je cours devant, je m’enfuis. Un premier rire nerveux

me traverse. Puis un autre, et ça ne s’arrête plus. Je me retourne. A peine aperçois-je ma mère et mes sœurs, le rire revient, me reprend. Me fait mal.

Aujourd’hui, c’est ce souvenir qui me troue le cœur. Je me revois adolescente et je te revois toi, Cécile. Cécile ma sœur perdue.

Perdue bien avant que tu décides d’en finir. De rayer ta vie en jetant ton corps sous

la locomotive d’un train.

Pas de retour possible.

Effacée ton existence. Ce chemin d’auto-destruction enfin terminé.

Sans doute étais tu allée déjà trop loin.

Trop de souffrance, et trop de lucidité.

La lucidité est la blessure la plus proche du soleil, disait René Char.

Je pleure ton absence. Parfois, mon cœur est lourd. Parfois ta compagnie m’apaise.

La violence de ta mort est sans aucun doute à l’image des violences de ta vie.

Tu t’es cru mal aimée, tu t’es jugée incapable.

17 ans d’absence, c’est long, et ce n’est rien.

L’année précédant ta mort, tu allais si mal.

Anéantie, trop de médicaments pour calmer ta souffrance.

Je sais moi que ton impuissance était comme une maîtresse implacable.

Tu suivais cette vie erratique que tu t’étais choisie. Ton âme t’observait.

Elle savait tes errances, et ce gâchis immense.

 

Aurais-je pu t’aider ? Plus d’amour, plus de compassion, plus de grandeur.

J’ai essayé parfois de t’approcher, nos mondes étaient trop éloignés.

J’étais enfermée dans ma vie que je m’efforçais de garder droite.

 

Sur ces chemins de haute altitude, mon cœur déjà riait de te perdre. A en pleurer.

 

G.F

 

 

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